Description du projet

Cette Rentrée Littéraire 2021 nous a encore une fois offert des livres de grande qualité, variés, dont la thématique majeure se révèle être la parentalité, et plus particulièrement la place du père dans la vie de l’enfant. Pierric Bailly avait ouvert le bal en début d’année avec son excellent Le roman de Jim (P.O.L), qui nous a profondément ému et dont nous avons la joie de recevoir l’auteur à La case des Pins. En septembre, l’un des titres qui a retenu notre attention est le nouvel ouvrage de Christian Guay-Poliquin, Les ombres filantes (La Peuplade), qui traite également de la paternité de manière poignante. Face à l’émergence de cette thématique et l’avalanche de nouveaux romans sur cette période prolifique qu’est la Rentrée Littéraire, nous avons décidé de vous proposer une sélection de coups de cœur en lien avec le sujet de la parentalité. Des livres marquants, sortis en d’autres temps et qui occupent une place sûre dans nos rayons. Bonnes (re)découvertes !

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Le roman de Jim

Pierric Bailly (P.O.L, 2021)

Ce livre bouleversant aborde la paternité sous l'angle d'une vérité qui s'affranchit des normes, et que l'on peut nommer par un terme ô combien galvaudé : l'Amour. Pierric Bailly conte une histoire faite de relations complexes, dans une langue simple, sincère et véritable. Quelle plume !
Le roman de Jim, ce n'est pas vraiment le sien, à ce petit bonhomme, mais plutôt celui d'un père adoptif/beau-père/inconnu. C'est celui de celles et ceux qui entourent ce gamin et tentent de l'aimer comme ils le peuvent. C'est celui de beaucoup de personnes, à bien des égards. L'auteur esquisse la beauté de ce qui relie les êtres, convoque en nous la rage face à ce qui les sépare. Et la justesse, toujours, lorsqu'il dépeint la détresse affective, l'incapacité à réagir, la tristesse que l'on enterre finalement en soi. Enfin, ce livre est aussi et surtout une histoire française de notre époque. Cela peut paraître banal à dire, pour autant cette évidence existe rarement avec autant de force en littérature : les personnages sont des gens. On les croise, on les côtoie, parfois sans parvenir à comprendre ni même soupçonner leurs failles. C'est ce que Pierric Bailly nous invite à faire dans ce roman poignant, inoubliable. Le roman de Jim.

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Les ombres filantes

Christian Guay-Poliquin (La Peuplade, 2021)

Dans son nouveau roman, Christian Guay-Poliquin utilise le prétexte du récit apocalyptique pour déployer une relation magnifique entre ses deux personnages. Lorsqu'un homme évoluant seul en forêt rencontre Olio, un gamin aux allures de Petit Prince, c'est toute sa perception du monde, alors en proie au délitement, qui s'en trouve changée, marquée d'une affection grandissante pour le petit bonhomme. Porté par un rythme à plusieurs vitesses, intelligemment mené, le récit est structuré en trois actes qui prennent tout leur sens à la fermeture du livre. L'écriture est vive, le style percutant et particulièrement fluide, fait de petites phrases juxtaposées, parfaitement dosées. On tourne la dernière page du roman avec beaucoup d'émotion, presque surpris de l'attachement que l'auteur a su provoquer en nous pour ce duo marquant. Assurément une perle immanquable de cette Rentrée !

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La vie en Chantier

Pete Fromm (Gallmeister, 2019)

Voici un roman qui touche au cœur et dont la justesse impressionne. Pete Fromm nous plonge dans la vie d'un couple du Montana qui semble avoir tout pour être heureux et se prépare à l'arrivée de leur premier enfant, un événement qui accapare toute leur attention. Pourtant, c'est au moment où ce bonheur va se concrétiser que paradoxalement survient le drame irrévocable... Suite au décès de sa femme lors de l'accouchement, Taz voit son monde s'écrouler et ses projets d'avenir s'envoler. Le seul fil qui le raccroche à la réalité est cette petite fille qu'il tient dans ses bras, Midge. Précipité dans un rôle paternel qu'il va devoir assumer, accablé par le deuil de sa femme qu'il peine à réaliser, Taz va se battre de toutes ses forces, mais surtout avec le cœur, tenant coûte que coûte pour sa fille qu'il voit grandir d'années en années. Le tour de force que réalise l'auteur tient dans sa faculté à éviter les pièges du larmoiement pour trouver le subtile équilibre entre les joies et peines de la vie, qu'il décrit avec brio et sensibilité. Magnifique.

Poche

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Des vents contraires

Olivier Adam (Points, 2018)

On connaît Olivier Adam pour sa capacité à émouvoir, convoquer le drame pour saisir le sensible. Avec Des vents contraires, l'auteur français fait montre de ce talent et offre un roman dur, sombre, déchirant, d'où surgit pourtant beaucoup de lumière. Le livre s'ouvre sur un départ, une fuite. Paul quitte Paris pour se réfugier à Saint-Malo dont il est originaire, accompagné de ses deux enfants. Dans l'ombre de ce nouveau commencement plane la disparition soudaine et inattendue de sa femme, volatilisée, laissant derrière elle des questions aussi larges que vides de réponses : a-t-elle rencontré un autre homme ? N'est-ce qu'une passade avant qu'elle réapparaisse dans la vie du père et des enfants ? Doit-on présager le pire ? … Face à l'absence insoutenable, Paul va tenter de surmonter cette épreuve et protéger ses enfants. Un combat du quotidien mené au cœur des embruns malouins, que l'auteur connaît bien. Un roman rempli d'amour, de tristesse, d'espoir et de ces petites choses qui font la vie.

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Comme à la guerre

Julien Blanc-Gras (Livre de poche, 2019)

Après son très remarqué In Utero qui racontait la paternité à venir, envisagée dès la période de la grossesse, Julien Blanc-Gras revient sur ce thème avec un roman à mi-chemin entre le témoignage et la fiction. Il s'interroge notamment sur la naissance d'un enfant dans un monde en proie au danger permanent, dont les enjeux nous dépassent et pouvant donner lieu au pire. Marqué par les attentats survenus en France en 2015, l'auteur nous fait part de ses inquiétudes et se plonge dans la notion d'héritage familial, la question de la transmission et de la responsabilité parentale. Comme à la guerre est donc un roman écrit sur fond de tragédie, parcouru d'extraits des carnets de guerre de ses aïeux, dans lequel le lecteur trouvera cependant beaucoup d'humour et d'optimisme. Il s'agit d'un texte très personnel mais à la portée universelle, qui évite le piège du nombrilisme propre au récit autobiographique, et donne finalement le sourire.

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Berceau

Éric Laurent (Minuit, 2014)

Ce livre est un témoignage poignant de l'auteur sur le long parcours que représente l'adoption. Éric Laurent décrit dans une langue limpide et emprunte d'une émotion mesurée le lien qu'il a tissé avec ce bébé pour lequel il s'est battu ; une histoire faite d’aller-retours entre la France et le Maroc, la longue attente avant que la vie ne commence enfin pour un père et son fils. La beauté du récit tient dans la mise à nu des sentiments de l'auteur, ses doutes et frustrations, son impatience et sa ténacité. Sûrement l'un des textes écrits avec le plus de justesse sur le sujet de l'adoption, dans lequel on reconnaît la patte journalistique de l'auteur, qui au-delà des sentiments parvient également à livrer une vision objective de l'expérience que représente l'adoption pour un parent.

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Les étoiles s'éteignent à l'aube

Richard Wagamese (10x18, 2017)

Voici un chef-d'oeuvre incontestable de la Littérature amérindienne canadienne, un roman initiatique à l'aura singulière, qui traite de la transmission entre un père et son fils. Richard Wagamese nous emmène dans les terres sauvages et ancestrales de la Colombie britannique. Un jeune homme de seize ans vient retrouver ce père rongé par l'alcool et avec qui les liens sont rompus. La tradition de leurs ancêtres veut que tout homme soit enterré au sommet d'une montagne, à la façon des guerriers, et c'est ce que le vieil homme va demander à ce fils méconnu en guise de dernière volonté : l'accompagner jusqu'au seuil de la mort pour lui offrir une fin digne et conforme à leur culture. Le voyage qui commence est magnifique, fait de silences entrecoupés d'une parole qui se libère peu à peu. Richard Wagamese dépeint toute la beauté de la culture amérindienne et construit une relation inoubliable entre ses personnages. Il nous fait voyager dans une contrée mythique et nous connecte avec ce quelque chose d'intangible, une vérité que nous portons tous en chacun de nous. Sublime !

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Continuer

Laurent Mauvignier (Minuit, 2016)

Parmi la somme de romans abordant le thème de la parentalité, il est est un qui fixe avec brio toute la complexité que le lien parent-enfant renferme. Continuer de Laurent Mauvignier porte très bien son titre puisqu'il est ici question de l'impasse dans laquelle une mère se retrouve vis-à-vis de son fils. Comment assurer son rôle quand tout nous échappe, que l'enfant que l'on a élevé s'éloigne inexorablement de nous ? Sibylle voit sa vie se déliter progressivement et se retrouve en proie à des doutes existentiels dont son fils à la dérive, Samuel, cristallise les peurs et l'impuissance. Elle décide alors de tenter le tout pour le tout, de briser la spirale dans laquelle la vie les emmène tous deux en partant au kirghizistan, un pays d'Asie Centrale méconnu. Elle veut leur donner une chance, croit au potentiel que renferment le voyage et le dépaysement. Ce roman est rempli de justesse et offre une réflexion remarquable sur l'absence de dialogue, la rupture des liens familiaux et la désuétude de la vie moderne face à aux choses et aux êtres essentiels. Finaliste du Prix Femina à sa sortie, un récit poignant, bouleversant.

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Le dîner

Herman Koch (10x18, 2013)

Entre roman noir et satire sociale, Le dîner est un livre aussi jouissif qu'original et déroutant. L'auteur hollandais connu pour son ton pinçant nous invite à table pour un huis-clos grinçant aux allures de thriller psychologique. Nous sommes à Amsterdam, dans un restaurant broché de la capitale, en compagnie de deux frères et leurs épouses. La soirée s'annonce bien, au sens de banale et détendue. Une tension s'immisce pourtant subrepticement - par le biais de flashbacks gênants - d'abord infime, et qui prend peu à peu de l'ampleur au fur et à mesure du repas. Le sujet finira forcément par être mis sur la table : Les deux enfants du couple vont rapidement se retrouver au cœur de la discussion. Et s'il y a beaucoup à dire, il y a surtout beaucoup à défendre : sa progéniture, l'éducation que l'on a dispensé, sa responsabilité en tant que parents, … Herman Koch nous offre un texte captivant et acerbe, dans lequel il semble prendre un plaisir non dissimulé à critiquer la société bourgeoise hollandaise. La parentalité et ses travers moquée par une plume piquante et jubilatoire.

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